À la recherche de l’orgone perdue. (suite2)

Le reste coula de source.

Je trouvai un meublé dans un autre quartier, pas trop loin d’un gymnase, et commençai par ce trampoline, histoire de retrouver un peu de légèreté.

Pudeur oblige, je voulais être ici avant tout le monde.

Au premier bond je crus que mon ventre allait s’arracher. Au deuxième, mes hanches. Mais pas question d’abandonner à cause de quelques bourrelés. Tous les anciens vestiges de l’homme casé que je n’étais plus devaient disparaître au plus vite. Sauter plus haut. Pourquoi pas toucher le plafond comme ce champion ce matin?
Ce qui devait arriver arriva.

Emporté dans mon élan, j’atterris sur le bord du trampoline, à cheval.

Le choc fut rude et bref. Une douleur sèche entre les jambes. Le rebord était bien rembourré. La chance.

Je me dépêtrai des élastiques, impatient de voir si tout était resté intact dans mon slip boxer à poche latérale (lot de trois pour huit euros)

La jeune femme de ménage qui m’épiait du fond de la salle continuait à faire zigzaguer son faubert. Je crus voir un sourire sur son visage bouffi et subitement plus rose que d’habitude.

Baissant les yeux sur le parquet, elle esquissa une légère moue de ses lèvres charnues sans rouge à lèvres – Il n’était que sept heures du matin – en suivant méthodiquement les zig-zags de son balai.

Colère et douleur grimpèrent de mon chakra racine. La voyeuse avait eu son spectacle matinal aux premières loges, une nouvelle histoire à raconter à l’équipe de nettoyage faite exclusivement de femmes. Titre probable de l’histoire: « Castration matinale sur trampoline ».

Je tournai le dos à cette petite perverse égoïste qui s’éloignait à reculons, les yeux plaqués au sol, sans s’inquiéter une seconde de mon sort génital.

Quand elle disparut dans le couloir, je glissai une main tremblante dans le lieu du sinistre. « Ouf !» me dis-je en palpant délicatement la marchandise. Tout semblait en place.

Un peu plus tard, je poussai la porte de mon pharmacien attitré.

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